Ce devait être une représentation comme une autre au Théâtre Lepic, dans le 18e arrondissement de Paris, mardi 6 décembre. Lettres à Anne, mis en scène par Benjamin Guillard, avec Patrick Mille seul en scène dans le rôle de l’ancien président socialiste François Mitterrand écrivant à Anne Pingeot, sa maîtresse. Dès le lever de rideau pourtant, un spectateur s’agite sur son siège, répond tout haut à l’acteur. Les lettres s’enchaînent, les spectateurs multiplient les « Chut ! » à l’intention de leur voisin.
Puis Mitterrand, rejouant un colloque socialiste un peu houleux des années 1960, descend dans le public. Il fusille du regard le spectateur, manifestement éméché, qui étale tout haut sa culture de l’histoire du Parti socialiste. Ça ne suffit pas. Alors il s’interrompt et lui demande de sortir. L’autre s’exécute, se lève. Un peu éloigné du président de théâtre, il multiplie les invectives, et se dévoile sur l’air de « je suis député, vous aurez affaire à moi, ça ne va pas en rester là ».
Le spectacle reprend, se finit. Et l’on discute dans la salle de cette rarissime interruption. Un spectateur a reconnu Aurélien Taché : consternation, le spectateur ivre était bien député. Le metteur en scène, dans un tweet, l’interpelle : « Pour qui vous prenez-vous Aurélien Taché ? Dans quel monde vivez-vous ? » Les réseaux sociaux font leur œuvre, et les adversaires politiques de droite et d’extrême droite ou d’anciens collègues macronistes du député, Marlène Schiappa en tête, relaient le message de Benjamin Guillard. Une manière facile d’alimenter l’image d’une Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) à l’attitude délétère, loin de l’exemplarité exigée par la fonction.
« Récupération politique »
Ancien socialiste, ex-macroniste, le député du Val-d’Oise est désormais membre du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Lui reconnaît avoir « un peu naïvement perturbé la séance » après la consommation « d’un verre ou deux » lors du dîner.