Les anciens Grecs avaient un mot pour décrire le comportement de certains acteurs de la vie politique. La « polypragmosynè » indiquait une hyperactivité inadaptée à la réalité des choses, une tendance à s’ingérer dans toutes les affaires et une volonté incessante d’attirer l’attention générale sur soi. En France, la présidence de la Ve République encourage, voire nécessite, un tel comportement hors normes. Le chef de l’État doit accompagner son action politique de discours grandiloquents, de gestes dramatiques et de mises en scène impressionnantes. Or, vues de loin, de l’étranger, ces simagrées sont souvent bien plus visibles que la substance des propositions. Elles tendent ainsi à former l’image qu’on retient de chaque leader français : du Général, le képi et les bras levés ; de Mitterrand, le port altier en pardessus sombre ; de Sarkozy, l’énergie bling-bling de l’omniprésident. Hollande, homme terne s’il en fut, n’a été sauvé que par les livres de révélations de son ex-compagne et de deux journalistes du Monde. Aujourd’hui, avec Macron, c’est le côté cabotin de Jupiter qui attire l’attention à l’international.
Président du Conseil européen et – prétendument – intime de Poutine, Emmanuel Macron avait l’opportunité d’exercer un leadership sur la scène internationale. Mais pour les médias étrangers, ses effets de mise en scène et son jeu d’acteur lourdingue affaiblissent sa crédibilité.