Nous voici au seuil d’un second tour autant anticipé que redouté, qui commande un choix clair et sans hésitation : celui du vote pour Emmanuel Macron. Face au Rassemblement national, la comparaison des programmes n’est plus de mise, et n’aurait même pas dû l’être lors du débat d’entre-deux-tours. En effet – il faut insister sur ce point contre la tentation relativiste qui gagne tant d’électeurs déçus ou en colère –, c’est une différence de nature qui sépare ces deux candidats. L’une prépare une sortie pure et simple du cadre démocratique, ce qui n’est pas le cas de l’autre.
Le malaise est immense. D’abord parce que la présence de l’extrême droite au second tour pour la troisième fois en vingt ans finit par changer la nature du vote. Ce n’est plus pour départager des options politiques que l’on se rend aux urnes, mais pour que la possibilité même du débat démocratique soit préservée. Ensuite parce que ce désenchantement sur le fond, quand il ne conduit pas tout simplement à l’abstention, suscite un rapport tactique au vote qui n’est pas sans effet pervers. Peu nombreux sont les électeurs qui ont voté par adhésion au premier tour. Et la discussion ahurissante qui s’est enclenchée dans la foulée sur les législatives, le mal nommé « troisième tour » qui permettrait de faire « élire » le Premier ministre, suffit à témoigner de l’impasse dans laquelle s’est enfoncée l’élection présidentielle française. Comme s'il pouvait être indifférent d'être le Premier ministre d’un pays présidé par Emmanuel Macron ou par Marine Le Pen.
Voter comme on joue au billard pour tirer non pas le meilleur, mais le moins pire des partis offerts par les institutions de la Ve République n’est pas une voie d’avenir. Ce n’est pas un hasard si, dans la campagne par ailleurs indigente que nous avons eue, la question de la réforme des institutions a pris une place inédite. Mais de ce chantier de refondation devenu incontournable pour notre démocratie, c’est ce dimanche qu’il faut poser la première pierre.
La rédaction